LeButƍ est une danse du corps obscure oĂč rĂšgnent dans l’ombre lenteur, poĂ©sie et minimalisme. Pour l’écrire en version originale, on emploie deux kanjis : 舞螏 . La transcription littĂ©rale dĂ©signe cette « danse des tĂ©nĂšbres » qui est nĂ©e au pays du Soleil-Levant et des fantĂŽmes ancestraux (a.k.a. le Japon). Ses deux pĂšres Je suis nĂ©e dans le mauvais corps, Ă©lude d'emblĂ©e l'ex joueuse. Les gens m'ont aimĂ©e et acceptĂ©e comme j'Ă©tais. Mais je suis lasse de porter la haine de moi-mĂȘme Ă  cause du malaise que je Jepourrais dire que je suis nĂ© dans le mauvais corps. C’est comme si l’un jetait un sort sur l’autre. Je ne peux pas renier la part d’homme en moi». C’est comme si l’un jetait un Handball "NĂ©e dans le mauvais corps", l’ancienne brestoise Louise Sand arrĂȘte sa carriĂšre Mercredi 09 janvier 2019 08:37 Handball. "NĂ©e dans le mauvais corps", l’ancienne brestoise Louise Bonjour J'ai un corps d'homme et depuis de 3ans, j'ai des sensations, des impressions de ne pas ĂȘtre nĂ©e dans le bon corps. Ces sensations ne s'en va pas depuis. Je me sens pas Ă©panouie dans la vie que je vis actuellement en tant que mec. Je rĂȘve d'avoir le physique d'une femme (poitrine, hanche,), je sais dĂ©jĂ  ce que je porterais Bonjour j'ai 33 ans, cĂ©libataire, sans enfants (car je lui ai refusĂ© la vie il ya peu IVG) et en faisant dela je n'ai fait que me tuer davantage. Je ressents le vide Ă©norme en moi. Tout est arrivĂ© en meme temps : plus de copain (aprĂšs 10 ans de reltion sans vie commune) plus de bĂ©bĂ© d'un homme que j'ai . Les personnes qui ont rencontrĂ© Linda Coquillat-Coves avant 2012 l’ont connue sous son nom de naissance Xavier Coves, capitaine de l’ArmĂ©e de l’air. Mais pendant quarante-trois ans et aussi loin que je m’en souvienne », Xavier a enfoui au plus profond de lui ce qu’il Ă©tait vraiment transsexuel. EntrĂ©e dans l’armĂ©e en 1989 J’avais le sentiment trĂšs profond de ne pas ĂȘtre nĂ©e dans le bon corps, raconte Linda qui, depuis trois ans, vit en femme tout le temps. Au dĂ©part, je le refoulais. Je considĂ©rais que c’était honteux. Et je me suis vite rendu compte que ça serait incompatible avec ma passion l’aviation. » Du coup, Xavier se transforme en l’archĂ©type du petit garçon bagarreur, judoka et fĂ©ru d’avions. Jeune adulte, une mauvaise expĂ©rience avec un homme lui permet de refouler ce sentiment un peu plus. En 1989, Xavier intĂšgre l’armĂ©e et devient navigateur de transport Ă  bord d’un C130 sur la base de Bricy, dans le Loiret. En premiĂšre ligne, il participe Ă  d’importants conflits, depuis la Guerre du Golfe jusqu’au Mali, en passant par l’Afghanistan. Avec sa femme et ses trois enfants dans ses bagages, il part commander l’escale aĂ©rienne et maritime de Guyane, avant de rentrer en mĂ©tropole, en 2007. Je me suis mariĂ©, j’ai eu trois enfants. J’étais amoureux, confie Linda. Mais quand on refoule quelque chose, ça nous rattrape. À chacune des grossesses de ma femme, je dormais ventre contre ventre pour avoir l’impression d’ĂȘtre enceinte moi-mĂȘme. » Mes enfants m’appellent “papa” et je ne veux pas que ça change » AprĂšs quinze ans et beaucoup de lassitude Ă  la fin, le couple se sĂ©pare et Xavier dĂ©cide enfin de vivre pour lui. Pour elle. Linda dĂ©voile Ă  sa famille sa transsexualitĂ©. Si je l’avais fait quand j’étais jeune, ça ne serait pas bien passĂ© auprĂšs de mon entourage. J’ai attendu qu’ils soient prĂȘts Ă  l’accepter. Pour mes parents, ça n’a pas Ă©tĂ© facile mais ils m’aiment et ce sont des gens intelligents, alors ils ont compris. Avec mes enfants aussi, aujourd’hui, on a trouvĂ© un Ă©quilibre, ça se passe trĂšs bien. Certaines personnes ont encore du mal Ă  m’appeler Linda. Mes enfants m’appellent “papa” et je ne veux pas que ça change. » Recevez par mail notre newsletter loisirs et retrouvez les idĂ©es de sorties et d'activitĂ©s dans votre rĂ©gion. Lorsque Xavier rencontre Pierre, Ă  OrlĂ©ans, en 2012, il pense trouver un substitut grĂące Ă  l’homosexualitĂ©. TrĂšs vite il se rend compte que ça ne suffira pas et qu’il va aller au bout de la dĂ©marche en changeant de sexe. Pierre l’accepte. Je lui ai dit “tu m’as connu garçon, je vais devenir femme”. » Un mariage en garçons » À ce moment-lĂ , Xavier est toujours dans l’armĂ©e. Le protocole pour sa transformation physique ne passe pas inaperçu lors des visites mĂ©dicales. J’ai annoncĂ© Ă  l’état-major ma transsexualitĂ©. Ils ont dit que ça ne leur posait pas de problĂšme mais qu’ils ne pouvaient pas me faire courir le risque de voyager dans des pays oĂč l’homosexualitĂ© est passible de prison ou de peine de mort. Alors j’ai encore un peu retardĂ© ma vie de femme. » Tout de mĂȘme, Xavier Ă©pouse Pierre, juste au moment du mariage pour tous Un mariage en garçons. » Pour lui, ce n’est pas pour faire passer un message mais plutĂŽt pour protĂ©ger son mari. Avec mon Ă©quipage, on Ă©tait Ă  l’avant, lors des missions, poursuit Linda. Il y avait un risque, calculĂ© mais existant, que je ne revienne pas. Dans ce cas, tous les conjoints auraient eu des indemnitĂ©s, mais pas Pierre. » C’est ce dernier, originaire du Sancerrois, qui a fait dĂ©couvrir la rĂ©gion Ă  Linda. On venait rĂ©guliĂšrement et on a eu envie de s’y installer. Au dĂ©part, on envisageait de monter des chambres d’hĂŽtes et peut-ĂȘtre un cafĂ©-théùtre et c’est en discutant avec Alexandr et Anastasia, nos futurs associĂ©s, que l’idĂ©e du Cabaret sancerrois est nĂ©e. » Je suis Ă  l’aise dans mes baskets et je le serai plus aprĂšs l’opĂ©ration » Depuis, de nombreuses reprĂ©sentations ont eu lieu Ă  Menetou-RĂątel, oĂč le couple a Ă©tĂ© trĂšs vite acceptĂ©. Le travail de l’Éducation nationale et des mĂ©dias pour faire accepter les diffĂ©rences et leurs richesses a portĂ© ses fruits. Peut-ĂȘtre que le cabaret a aidĂ© on nous a plus pris pour des extraterrestres parce qu’on voulait monter un cabaret que parce que Pierre et Xavier sont devenus Pierre et Linda?! » Des professionnels se sont unis pour ouvrir le Cabaret sancerrois au mois de mai Aujourd’hui, l’équipe du Cabaret sancerrois travaille sur le nouveau spectacle. D’ici deux ans, on aimerait construire notre propre salle de spectacle. On a dĂ©jĂ  des pistes pour le terrain car on aimerait rester Ă  Menetou-RĂątel. On voudrait crĂ©er une salle dĂ©diĂ©e Ă  la culture. Pour du music-hall mais pourquoi pas, aussi, pour du théùtre, de la musique
 » En plus de sa nouvelle carriĂšre, Linda mĂšne un autre projet son opĂ©ration pour changer dĂ©finitivement de sexe. La dĂ©marche est en cours, je viens d’avoir l’accord. Mais pour l’opĂ©ration, il y a deux ans de dĂ©lai. J’ai Ă©tĂ© vue par quatre psychologues, c’est trĂšs long. DĂ©jĂ , maintenant, je vais pouvoir entamer les dĂ©marches administratives. Faire changer ma carte d’identitĂ© et avoir un numĂ©ro de sĂ©curitĂ© sociale qui commence par un 2. Je suis Ă  l’aise dans mes baskets et je le serai encore plus aprĂšs l’opĂ©ration. » Bio express. 13 fĂ©vrier 1969. Naissance Ă  Strasbourg. 1989. EntrĂ©e dans l’armĂ©e de l’air. 2007. DĂ©but du protocole pour changer de sexe. 2012. Mariage avec Pierre Coquillat. 2014. DĂ©part de l’armĂ©e. 2016. DĂ©but des dĂ©marches administratives pour changer de sexe. ChloĂ© Gherardi Dictionnaire Collaboratif Français DĂ©finition neuilly-pontin, neuilly-pontine ou neuilly-pontain, neuilly-pontaine n. personne nĂ©e Ă  Neuilly-sur-Seine on disait neuillĂ©en pour les habitants de Neuilly et neuilly-pontin ou pontain pour les natifs de Neuilly. Est-ce encore exact ? Je suis nĂ©e Ă  Neuilly-sur-Seine en 1943, Par une petite vanitĂ© je me dĂ©marque des habitants ! transsexuel nm. personne nĂ©e dans un corps de femme qui a le sentiment profond d'appartenir au genre masculin, sentiment qui peut conduire Ă  un changement de sexe par intervention chirurgicale Et pas l'inverse ! On accorde avec le genre de la personne pas avec le sexe ! . Le genre correspond au ressenti de la personne, qui est ici le genre masculin. transsexuelle nf. personne nĂ©e dans un corps d'homme qui a le sentiment profond d'appartenir au genre fĂ©minin, sentiment qui peut conduire Ă  un changement de sexe par intervention chirurgicale Et pas l'inverse ! On accorde avec le genre de la personne pas avec le sexe ! . Le genre correspond au ressenti de la personne, qui est ici le genre fĂ©minin. Pour ajouter des entrĂ©es Ă  votre liste de vocabulaire, vous devez rejoindre la communautĂ© Reverso. C’est simple et rapide Mis Ă  jour le 29 octobre 2021 Ă  15h32 AndrĂ©a Furet avec sa mĂšre, Sandrine, le 14 janvier. - © Presse Dans le tĂ©lĂ©film Il est elle », diffusĂ© lundi 1er novembre sur TF1, elle incarne une jeune fille nĂ©e dans un corps de garçon. Un rĂŽle miroir pour AndrĂ©a Furet, qui tĂ©moigne de sa transition aux cĂŽtĂ©s de sa mĂšre, Sandrine, notre collaboratrice depuis vingt ans. Rencontre tout en pudeur et sentiments. Par Catherine Robin Ce n'est pas tout Ă  fait son histoire, mais on peut entrevoir des calques de la ville Ă  l'Ă©cran. Dans Il est elle », premier tĂ©lĂ©film oĂč elle tient la tĂȘte d'affiche, AndrĂ©a Furet joue le rĂŽle d'Emma. Emma, nĂ©e dans un corps de garçon, que ses parents ont baptisĂ© Julien et qui va progressivement sortir de sa chrysalide pour se prĂ©senter telle qu'elle est une fille transgenre. Il est elle », qui doit ĂȘtre diffusĂ© sur TF1, rĂ©sonne comme un Ă©cho Ă  la propre histoire de celle qui l'incarne et qui ne se reconnaĂźt pas dans ce M » de masculin, fixĂ© par l'Ă©tat civil Ă  sa naissance. Ce n'est pas que je sois nĂ©e dans le mauvais corps, explique la jeune femme de 18 ans. Je n'utilise pas cette expression. Mon corps n'est pas mauvais. Bien que je l'aie modifiĂ©, ça a toujours Ă©tĂ© mon corps. Si vous me demandez Ă  quel Ăąge j'ai compris ma transidentitĂ©, je vous rĂ©pondrai vers 15 ans. Avant, je me suis posĂ© pas mal de questions autour de mon orientation sexuelle. Je savais que je ne m'identifiais pas en tant qu'homme, mais pas en tant que femme non plus. Quand la question du genre a Ă©mergĂ© en moi, ça a rĂ©solu beaucoup de choses. » Lire aussi >> De Caitlyn Jenner Ă  Elliot Page dĂ©cryptage d’un traitement mĂ©diatique de la transidentitĂ©Assise Ă  ses cĂŽtĂ©s, Sandrine Furet couve des yeux sa fille, sans cacher l'inquiĂ©tude qui voile parfois son regard. Sandrine travaille depuis de nombreuses annĂ©es au magazine ELLE. Accepter de tĂ©moigner, de livrer mon intimitĂ© dans les colonnes du journal est une forme d'Ă©preuve. Mais je le fais pour AndrĂ©a. C'est une histoire difficile que nous traversons. Nous essayons de la mener de façon simple, sereine. Son pĂšre et moi avons dĂ©jĂ  fait pas mal de chemin depuis son coming out, il y a un peu moins de deux ans. » En juin 2019, AndrĂ©a profite d'un week-end oĂč sa mĂšre est seule pour le lui annoncer. Deux annĂ©es auparavant, quand elle avait 15-16 ans, elle nous avait confiĂ© avoir un grand projet de vie, sans prĂ©ciser quoi. Nous avons respectĂ© son souhait de ne pas nous en dire plus. Je pensais Ă  une expĂ©rience professionnelle, comme aller vivre Ă  l'Ă©tranger. » AndrĂ©a, elle, s'Ă©tait prĂ©parĂ©e Ă  cet instant depuis de nombreux mois. J'ai regardĂ© des vidĂ©os sur Internet, j'ai lu beaucoup d'informations Ă  ce sujet. Je voulais n'avoir aucun doute. Puis le moment est venu. J'Ă©tais encore mineure et je ne souhaitais pas atteindre la majoritĂ© dans une forme de “mensonge“. » Elle dĂ©cide d'en parler d'abord Ă  sa mĂšre, pensant qu'elle acceptera la nouvelle plus facilement que son pĂšre. Un jour qu'il Ă©tait en dĂ©placement professionnel, elle m'a fait asseoir, raconte Sandrine. Elle a pris une grande respiration et puis m'a dit “Je sais depuis longtemps que je suis une fille. Je ne peux pas t'expliquer pourquoi, mais je le sais au plus profond de mon ĂȘtre.” Je lui ai alors rĂ©pondu “Comment ça ?” J'ai commencĂ© Ă  trembler, mon cƓur battait Ă  tout rompre. C'Ă©tait un tsunami Ă©motionnel. “Tu es sĂ»re ?” lui ai-je demandĂ©. Et puis on a fini par se serrer dans les bras et s'effondrer en larmes. Avant d'aller faire une grande balade en forĂȘt. Sans se parler ou presque. » Et le papa ? J'ai demandĂ© Ă  ma mĂšre de ne rien lui dire car je voulais le faire moi-mĂȘme, poursuit AndrĂ©a. J'ai essayĂ© de le joindre par tĂ©lĂ©phone, mais je n'y arrivais pas. Alors je lui ai envoyĂ© un long message. » Sa rĂ©ponse ? Je l'avais pressenti. » Un soulagement pour la jeune femme. J'ai eu la chance d'avoir un entourage bienveillant, ouvert. Mes deux frĂšres [issus d'une premiĂšre union du pĂšre] l'ont trĂšs bien acceptĂ©, comme tout le reste de ma famille. » Elle l'annonce Ă  ses amis via un post Instagram. Avec les potes, c'Ă©tait encore plus facile. Ils ont tous bien rĂ©agi. Je n'ai eu que des encouragements, des rĂ©actions positives. Je ne me suis jamais pris de “contre-nature” dans la gueule. » Il a fallu du temps pour passer du “il“ au “elle“ » De la transidentitĂ©, Sandrine ne connaĂźt, Ă  l'Ă©poque de la rĂ©vĂ©lation de sa fille, que quelques notions glanĂ©es dans des reportages tĂ©lĂ©visĂ©s un peu racoleurs. On commençait Ă  en parler, mais je ne m'y intĂ©ressais pas particuliĂšrement. Il m'a fallu tout apprendre. Cette nouvelle a Ă©tĂ© un vrai cataclysme. La fin d'une vie, le dĂ©part d'une autre. Comme une renaissance. Enfin pas une renaissance
, se reprend-elle sous le regard de sa fille. Je ne me suis jamais reconnue dans le discours de ces parents qui expliquent qu'ils ont dĂ» faire leur deuil. Mon enfant n'est pas mort, il a juste changĂ©, Ă©voluĂ©. » Quand elles se remĂ©morent ce moment intense de coming out, une grande pudeur enveloppe mĂšre et fille, assises l'une Ă  cĂŽtĂ© de l'autre, mais Ă  distance, sur le canapĂ©. Toutes les deux sont engagĂ©es sur un chemin commun, mais suivent des Ă©tapes distinctes. Elles n'ont pas la mĂȘme place, donc ni le mĂȘme regard, ni la mĂȘme voix. Il y a chez Sandrine l'inquiĂ©tude inhĂ©rente au statut de mĂšre, qui s'est peut-ĂȘtre encore plus accentuĂ©e avec le processus de transition de sa fille. Il y a chez AndrĂ©a une forme d'assurance et d'aplomb dont on ne sait s'ils sont en lien avec l'adolescence qu'elle est en passe de quitter ou si c'est une façon de banaliser son expĂ©rience, afin, peut-ĂȘtre, de consoler sa mĂšre. J'ai beaucoup pleurĂ© au dĂ©but, reconnaĂźt Sandrine. Il a fallu du temps pour passer du “il“ au “elle“. De son ancien prĂ©nom Ă  celui qu'elle s'est choisi. J'ai bien sĂ»r respectĂ© sa volontĂ©, mais je voulais aussi la protĂ©ger. Elle fait du théùtre depuis ses 7 ans. En devenant comĂ©dienne, elle va ĂȘtre exposĂ©e. Et ça me fait un peu peur. Et puis il y a toutes ces interrogations autour des hormones. Qu'en sait-on ? Quel impact cela aura sur sa santĂ©, sur son espĂ©rance de vie ? » Quand sa mĂšre s'interroge, AndrĂ©a a les yeux rivĂ©s sur son portable, comme si ces questions avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© rĂ©glĂ©es pour elle depuis longtemps. Toutes les Ă©tapes que j'ai accomplies jusqu'ici n'ont Ă©tĂ© que bĂ©nĂ©fiques. C'Ă©tait une telle nĂ©cessitĂ© pour moi que mĂȘme la dimension physique ne me faisait pas peur. C'Ă©tait vital. Quand tu as envie de changer certains aspects de ton corps et que c'est possible, tu ressens davantage de l'excitation que de l'apprĂ©hension. » Pour pouvoir effectuer sereinement sa transition, elle quitte le lycĂ©e et passe son bac littĂ©raire Ă  distance. Je ne souhaitais pas m'exposer, je voulais me prĂ©server. » Elle obtient son diplĂŽme avec mention et s'inscrit Ă  la Sorbonne en Ă©tudes théùtrales, tout en poursuivant le Cours Florent, oĂč certains sont au courant, d'autres pas, peu importe », estime la comĂ©dienne en herbe qui a la chance d'avoir un bon passing », observe sa mĂšre. Le passing, ça veut dire que si on ne sait pas que je suis en transition, on peut me prendre pour une femme cis. Si je n'avais pas dĂ©cidĂ© de le dĂ©voiler, personne ne pourrait se douter », explicite AndrĂ©a qui s'agace gentiment de la curiositĂ© suscitĂ©e, en gĂ©nĂ©ral, Ă  propos de la transition physique des personnes transgenres. Pourquoi les gens auraient-ils besoin de savoir oĂč l'on en est ou jusqu'oĂč l'on veut aller dans notre transition ? C'est trĂšs intrusif. Est-ce qu'on leur demande ce qu'ils ont entre les jambes ? Moi, je n'ai pas particuliĂšrement envie d'en parler. » Sa vie d'avant », AndrĂ©a ne veut d'ailleurs pas beaucoup l'Ă©voquer. Elle lĂšve les yeux au ciel quand sa maman cite le prĂ©nom qu'elle et son mari lui ont donnĂ© Ă  la naissance. C'est elle qui a redĂ©fini le sien. Pour plein de raisons que je veux garder pour moi. » Tout juste peut-on deviner qu'elle a adoptĂ© un prĂ©nom porteur de sens, puisque AndrĂ©a mĂ©lange le masculin andro » vient du grec et signifie homme et le fĂ©minin avec la terminaison en a ». Si elle aime encore regarder les photos de son enfance, elle goĂ»te peu aux diaporamas de son adolescence. Ce n'Ă©tait pas une pĂ©riode particuliĂšrement facile. Je n'Ă©tais pas seulement moche. J'Ă©tais moche-moche. Un peu comme Juju, le personnage que j'incarne dans le tĂ©lĂ©film. En fait, je ne veux pas regarder le passĂ©. Je ne le renie pas, mais j'aimerais qu'on me voie au prĂ©sent. Et si on parle au passĂ©, Ă  la rigueur, je prĂ©fĂšre qu'on dise elle. » Tu as remarquĂ© que c'est ce que je fais maintenant ? lui lance Sandrine. Mais peut-ĂȘtre que, dans dix ou quinze ans, tu regarderas Ă  nouveau ces images avec plus de sĂ©rĂ©nitĂ©. LĂ , c'est encore trĂšs frais. » Il y a quelques semaines, Sandrine a regardĂ© le documentaire de SĂ©bastien Lifschitz, Petite Fille », qui met en scĂšne une enfant de 7 ans et sa mĂšre qui l'accompagne sur le parcours tourmentĂ© de la reconnaissance de sa dysphorie de genre. C'Ă©tait si bouleversant, s'Ă©meut Sandrine. Ça m'a renvoyĂ© Ă  tellement de choses. Je me suis dit que, concernant ma fille, j'aurais prĂ©fĂ©rĂ© le savoir avant, pour pouvoir mieux l'accompagner, pouvoir entamer les choses plus vite. » Immuable culpabilitĂ© maternelle. Dans le film, dĂ©crit-elle, la mĂšre demande Ă  une mĂ©decin si c'est parce qu'elle a voulu une fille qu'elles vivent cette situation. Moi, j'ai toujours voulu un garçon. On sait bien que ce n'est pas la question, mais forcĂ©ment on s'interroge. Je ne culpabilise pas pour autant. Ce n'est pas nous qui avons façonnĂ© son identitĂ©. C'est comme ça et il faut l'accepter. » À son agent qui gĂšre ses castings, AndrĂ©a avait confiĂ© l'annĂ©e derniĂšre que, dĂ©sormais, elle voulait incarner uniquement des personnages fĂ©minins. Et puis le rĂŽle d'Emma est arrivĂ© sur un plateau. Elle n'a pas pu dire non. MĂȘme si on met notre enfant au monde, il ne nous appartient pas, conclut Sandrine. Ma fille possĂšde un courage immense. Le destin qu'elle emprunte est d'une richesse, d'une intensitĂ© incroyables. On a tous beaucoup Ă  apprendre de celles et ceux qui font progresser l'acceptation de la diffĂ©rence. Je suis si fiĂšre d'elle. » PubliĂ©17 aoĂ»t 2016, 1706TĂ©moignage au LuxembourgBridget, 25 ans, nĂ©e dans le mauvais corps»LUXEMBOURG - En fĂ©vrier dernier, Ridgley, jeune pĂšre de 25 ans, est devenu Bridget, jeune mĂšre et femme enfin Ă©panouie. Elle raconte sa transformation Ă  L'essentiel».Des jambes Ă©lancĂ©es, une mini-jupe prĂšs du corps, une longue chevelure dorĂ©e et un maquillage parfait. En voyant arriver Bridget, 25 ans, difficile de s'imaginer qu'il y a encore quelques mois elle Ă©tait un homme. Elle s'appelait alors Ridgley. Mais ça, c'est de l'histoire ancienne. D'autant plus que dans quatre mois, elle va se faire opĂ©rer et ensuite changer de sexe Ă  l'Ă©tat civil. Et la jeune femme a trop hĂąte». Encore quatre mois qui ne reprĂ©sentent finalement pas grand chose face au combat qu'elle mĂšne depuis toujours. DĂ©jĂ  Ă  la Spillschoul quand la maĂźtresse sĂ©parait les filles des garçons, je ne me sentais pas Ă  l'aise. Mais pendant trĂšs longtemps j'ai eu peur d'en parler. J'avais peur d'ĂȘtre anormale», explique-t-elle. AprĂšs de longues annĂ©es de dĂ©pression, de mal-ĂȘtre et des problĂšmes de dĂ©pendance, elle a donc dĂ©cidĂ© de devenir elle». AidĂ©e par sa psychiatre, elle a pris conscience qu'elle Ă©tait tout simplement une femme nĂ©e dans le mauvais corps» et qu'il fallait l'assumer». Sous traitement hormonalNous, les transgenres, on se lĂšve le matin pour jouer un rĂŽle qui n'est pas le nĂŽtre. J'ai essayĂ© d'ĂȘtre un garçon hĂ©tĂ©ro mais ça n'a pas marchĂ©, puis j'ai essayĂ© de jouer le rĂŽle de garçon gay mais ça n'allait pas non plus. Maintenant je suis une femme et lĂ  c'est mon rĂŽle. C'est le script qui a Ă©tĂ© fait pour moi», dit-elle le sourire aux lĂšvres. Mais le chemin n'a pas Ă©tĂ© facile. Bridget s'est Ă©garĂ©e un peu avant de se trouver. Elle a Ă©tĂ© en couple avec une femme. Ensemble, elles ont eu une petite fille. Puis, elle a fait son coming-out et est sortie quelques annĂ©es avec un homme. Depuis fĂ©vrier, elle a mis sa vie sentimentale entre parenthĂšses et se focalise sur sa transition. Sous traitement hormonal depuis lors, elle se fait Ă  sa nouvelle identitĂ©. Son visage s'est aminci, sa peau s'est adoucie et ses seins ont poussĂ©. Pour ma barbe je fais un traitement au laser et pour fĂ©miniser ma voix je m'entraĂźne, en chantant, par exemple», confie cette Portugaise nĂ©e au Luxembourg.Prendre des mĂ©dicaments pour devenir une madame»La jeune femme peut en tout cas compter sur le soutien sans faille de sa famille. Je suis trĂšs chanceuse. Mes parents m'ont Ă©normĂ©ment aidĂ©e et ils m'accompagnent Ă  tous mes rendez-vous mĂ©dicaux. Ils m'ont aussi aidĂ©e Ă  annoncer la nouvelle de ma transition au reste de la famille. Ça nous a beaucoup rapprochĂ©s». Sa petite sƓur et son ex-copine ont aussi bien pris la nouvelle. Mais c'est sans doute avec sa petite fille que cela a Ă©tĂ© le plus facile. Je parle de tout avec elle. Je lui ai dit que j'Ă©tais dans le mauvais corps et que j'allais prendre des mĂ©dicaments pour devenir une Madame et que plus tard je ferai une opĂ©ration pour avoir une foufoune, comme elle. Ça Ă©tĂ© trĂšs simple car les enfants n'ont pas de prĂ©jugĂ©s. Elle sait qu'elle a deux mamans et quand je vais la chercher Ă  l'Ă©cole elle crie "Ma papa est lĂ ". Elle est gĂ©niale». Un message Ă  passerPourtant trĂšs confiante en elle, il y a encore des choses qui terrorisent Bridget. Elle n'ose pas encore se montrer en maillot de bain ou voyager, car il faudrait alors montrer une piĂšce d'identitĂ© qui ne lui correspond pas». Actuellement au chĂŽmage, elle a peur du regard des potentiels employeurs. Pour ce qui est de sa vie amoureuse, elle redoute encore de s'abandonner dans les bras d'un homme. Je dois avouer que j'ai de nombreuses demandes de garçons sur les rĂ©seaux sociaux et je ne cache pas qui je suis. Mais moi je cherche le grand amour». C'est Bridget qui a contactĂ© la rĂ©daction pour Ă©voquer son parcours car elle sait qu'il y a d'autres personnes qui - comme elle - ne sont pas nĂ©es dans le bon corps et elle a un message Ă  leur faire passer Fatima Rougi/L'essentiel De notre envoyĂ©e spĂ©ciale Ă  Chicago Sabrina a sorti les photos de classe de son fils, Ryan, depuis son entrĂ©e en maternelle. A 3 ans, c'est un petit garçon blond, aux cheveux trĂšs courts et au regard sĂ©rieux. Puis les cheveux s'allongent, retenus par une barrette. Les vĂȘtements se fĂ©minisent. Sur le cinquiĂšme clichĂ©, on voit une jolie fillette aux longues mĂšches blondes qui porte un chemisier ultra-girly. Ryan a aujourd'hui 11 ans. On la rencontre dans ce petit pavillon de la grande banlieue de Chicago, oĂč ses parents se sont installĂ©s pour lui permettre de bĂ©nĂ©ficier d'une Ă©cole plus tolĂ©rante que celle du quartier ouvrier oĂč ils habitaient jusque-lĂ . Dans cette salle de jeux remplie de poupĂ©es, de peluches et de bijoux, c'est une prĂ©ado bien dans sa peau, potelĂ©e et volubile, qui adore les bracelets brĂ©siliens et les soirĂ©es pyjamas avec ses copines. Elle dit juste qu'elle se sent comme "une fille dans son coeur et un garçon dans sa tĂȘte". Pour ses parents, Ryan est une "tomgirl", une fille manquĂ©e, comme il existe des "tomboys", des garçons manquĂ©s, insiste Sabrina, qui considĂšre que leur enfant se situe dans "une zone grise" Aujourd'hui, elle se comporte en fille, mais, contrairement aux enfants transgenres, elle ne rejette pas son sexe. On l'aime et on la soutiendra, quoi qu'elle choisisse. Mais personne ne sait comment elle Ă©voluera."Ryan est suivie au Lurie Children's Hospital, le grand hĂŽpital pĂ©diatrique de Chicago, au sein du service spĂ©cialisĂ© "dans le genre et la sexualitĂ©" créé il y a un an par le docteur Robert Garofalo. Sa clinique, la quatriĂšme de ce type aux Etats-Unis et la premiĂšre du Midwest, prend en charge soixante-quinze enfants qui, comme Ryan, prĂ©sentent une "dysphorie du genre", le terme utilisĂ© aux Etats-Unis pour parler de ceux qui ne se sentent pas en adĂ©quation avec leur sexe de naissance. Un petit garçon qui aime porter des robes De jeunes garçons qui se comportent comme des petites filles, des petites filles qui veulent vivre comme des garçons et, entre les deux, toute une palette de nuances. Le plus jeune a 4 ans. C'est un petit garçon d'origine hispanique qui aime porter des robes, terriblement malheureux depuis que son pĂšre lui a coupĂ© les cheveux. Un autre, Ă  13 ans, hĂ©site sur son identitĂ© un jour il se sent fille, le lendemain, garçon. Et pourquoi pas ? Nous leur disons que ce n'est pas grave, affirme le docteur Scott Leibowitz, pĂ©dopsychiatre. Nous leur expliquons qu'ils peuvent ĂȘtre qui ils veulent, et que cela ne doit surtout pas affecter les autres aspects de leur vie." Ici, on considĂšre le genre comme un spectre large, une entitĂ© "fluide", qui Ă©volue dans le temps, et ne se laisse rĂ©duire Ă  aucune case... Notre monde nous enferme dans des concepts binaires. Il faut ĂȘtre un homme ou une femme, un mĂąle ou une femelle. Mais de nombreux enfants n'entrent pas dans ces cases. Cela met les gens mal Ă  l'aise, mais c'est comme ça".Dans l'Ă©quipe du "docteur G.", comme l'appellent affectueusement ses patients, un pĂ©diatre, une assistante sociale, un endocrinologue, un pĂ©dopsychiatre et une psychologue proposent une approche pluridisciplinaire, avec toujours, en toile de fond, une immense bienveillance. Evidemment, vue des Etats-Unis, la polĂ©mique française sur le genre paraĂźt complĂštement dĂ©suĂšte. N'en dĂ©plaise Ă  ceux qui s'indignent qu'on puisse simplement questionner la frontiĂšre entre les sexes et refusent qu'on diffuse dans les Ă©coles - et mĂȘme Ă  la tĂ©lĂ©vision ! - un film comme "Tomboy", portrait sensible d'une petite fille garçon manquĂ©, cette approche psychorigide est totalement hors de propos. Quel prĂ©nom ? Quelles toilettes ? VoilĂ  plusieurs annĂ©es qu'aux Etats-Unis, mais aussi aux Pays-Bas, en Belgique, en Argentine ou encore au Canada, la question des enfants transgenres se pose dans les Ă©coles, les lycĂ©es et les universitĂ©s, entraĂźnant mille dĂ©bats. Qu'est-ce qui caractĂ©rise un garçon, qu'est-ce qu'une petite fille ? Jusqu'oĂč faut-il encourager la dĂ©termination des enfants ? Doit-on les appeler par le prĂ©nom qu'ils se sont choisi, alors que l'Ă©tat civil refuse de leur donner raison ? Et enfin, question qui pourrait - Ă  tort - passer pour dĂ©risoire quelles toilettes ces enfants doivent-ils utiliser Ă  l'Ă©cole ? "M'autoriser Ă  aller chez les garçons, c'est me reconnaĂźtre pour ce que je suis", dit Sade, 15 ans, adolescent aux cheveux ras et au visage fermĂ©, bouleversĂ© d'avoir reçu un avertissement pour avoir utilisĂ© les sanitaires des garçons dans son lycĂ©e. On lui a proposĂ© des toilettes "neutres", dont il fallait demander la clĂ©. "C'Ă©tait trop ostentatoire. Je ne veux pas attirer l'attention sur moi de cette maniĂšre." La petite Ryan aussi s'est vu refuser l'accĂšs aux lavabos des filles. "C'est le cĂŽtĂ© puritain des AmĂ©ricains, s'enflamme son pĂšre. Mais de quoi peuvent-ils bien avoir peur ?" Le docteur G. intervient souvent dans les Ă©tablissements scolaires, pour expliquer, rassurer, dĂ©dramatiser. "L'idĂ©e, c'est d'avoir une approche globale avec l'enfant bien sĂ»r, mais aussi toute la famille, et l'Ă©cole. C'est tout le systĂšme dans lequel vivent ces enfants qu'il faut prendre en compte, explique-t-il. Pour les parents, c'est une souffrance inimaginable d'Ă©lever un enfant transgenre..." DĂ©pression, drogue, suicide... Extraverti et chaleureux, ce mĂ©decin spĂ©cialiste de la lutte contre le sida est terriblement Ă©mu quand il Ă©voque le sujet il en a tant rencontrĂ© de ces jeunes transgenres rejetĂ©s par leur famille, confrontĂ©s Ă  la dĂ©pression, la drogue, la prostitution, le suicide et l'automutilation. "J'en avais assez de soigner des ados transgenres malades du sida." C'est pourquoi il a créé cette clinique qui accueille les patients dĂšs 3 ans, afin de "les traiter comme des enfants, et de tout mettre en oeuvre pour leur permettre de grandir dans un environnement sĂ»r". Le centre, installĂ© dans de vastes locaux au deuxiĂšme Ă©tage du plus prestigieux hĂŽpital pĂ©diatrique de Chicago, financĂ© par deux figures de l'establishment - elles-mĂȘmes adultes transgenres -, n'a rien d'une obscure officine "J'ai expliquĂ© que d'ici cinq Ă  dix ans il y aurait des centres comme celui-lĂ  dans tous les hĂŽpitaux. L'hĂŽpital a parfaitement compris l'intĂ©rĂȘt d'ĂȘtre pionnier", explique Bob Garofalo, dont la clinique devrait avoir doublĂ© de taille dans deux ans. En Argentine, Manuel, 6 ans, est officiellement devenu Luana. Une premiĂšre, pour un enfant si jeune. REUTERS/Stringer Combien de jeunes sont concernĂ©s ? Aucune Ă©tude ne porte spĂ©cifiquement sur les enfants. Une enquĂȘte menĂ©e Ă  San Francisco il y a deux ans Ă©value Ă  prĂšs de 2% la proportion de lycĂ©ens et Ă  1% celle d'Ă©tudiants qui se dĂ©finissent comme transgenres ou se disent concernĂ©s par des troubles du genre. Une autre, menĂ©e Ă  MontrĂ©al, affiche des taux plus importants. Mais ne pas cerner l'ampleur du sujet autorise-t-il pour autant Ă  le passer sous silence, encourageant les fantasmes mais interdisant toute prise en charge ? InvisibilitĂ© totale en France "En France, c'est le nĂ©ant, soupire Julie Mazens, cofondatrice du site TXY Libre d'ĂȘtre n'a aucune donnĂ©e, car chez nous tous ces enfants sont contraints Ă  une totale invisibilitĂ©." Et quand un pĂ©dopsychiatre accepte un patient, en toute discrĂ©tion, c'est souvent avec l'idĂ©e, largement imprĂ©gnĂ©e de psychanalyse, de le guĂ©rir. Rien de tel aux Etats-Unis, oĂč la plupart des mĂ©decins, comme le docteur Garofalo, refusent de considĂ©rer la "dysphorie du genre" comme une maladie. Ici, on ne "soigne" pas, on accompagne "Il ne viendrait plus Ă  l'idĂ©e de quiconque de soigner l'homosexualitĂ©", explique le mĂ©decin. En 2012, l'Association amĂ©ricaine de Psychiatrie a sorti les "troubles de l'identitĂ© du genre" de la liste des maladies mentales. Des mouvements d'Ă©tudiants, parmi les plus radicaux, exigent mĂȘme la reconnaissance d'un troisiĂšme pronom personnel, ze, Ă  cĂŽtĂ© de he "il" et she "elle" ! Tout de mĂȘme, on s'interroge. Que des adultes dĂ©cident de changer d'identitĂ©, soit. Mais est-il raisonnable de prendre en charge le dĂ©sir d'enfants si petits ? Que peut savoir un enfant de 4 ans de son identitĂ© ? La formation du genre est prĂ©cisĂ©ment une question pĂ©diatrique, rĂ©torque Robert Garofalo. Il ne se construit pas Ă  l'Ăąge adulte, ni mĂȘme Ă  l'adolescence, mais Ă  3, 4, 5 ans."A 2 ans dĂ©jĂ , Ryan flashait sur le rose et les paillettes et se dĂ©guisait en Blanche-Neige. Son pyjama sur la tĂȘte en guise de longue chevelure, il chantait "Un jour mon prince viendra". Plus tard, quand leur entourage a taxĂ© les parents de complaisance, ils ont ĂŽtĂ© tous les jouets de fille de la chambre de leur enfant. "On me disait que je ne passais pas assez de temps avec lui", raconte Chris, le pĂšre, qui l'emmĂšne alors jouer au football amĂ©ricain "Peine perdue ! Ryan dansait sur la pelouse au lieu d'attraper la balle." Les parents sont-ils responsables ? Les parents sont-ils responsables de ces "troubles" ? "Les psychiatres me renvoyaient une image qui ne nous correspondait pas, dit Sabrina. Je ne suis pas dominatrice. Mon mari n'est pas effacĂ©. Et non, je n'ai jamais rĂȘvĂ© d'avoir une fille." Des mĂ©decins leur parlent d'une clinique rĂ©putĂ©e au Canada, qui pourrait peut-ĂȘtre "guĂ©rir" leur enfant. La liste d'attente est longue. Ils hĂ©sitent, puis laissent tomber. La rencontre avec le docteur G. a Ă©tĂ© une dĂ©livrance "Ryan n'est pas malade. Pourquoi ne pas la laisser explorer son identitĂ© ?" Contrairement Ă  une idĂ©e reçue, la plupart des enfants avec des dysphories du genre ne deviennent pas des adultes transsexuels... Ni d'ailleurs des homosexuels Ce sont deux sujets diffĂ©rents. Certaines personnes ne sont pas nĂ©es dans le bon corps, et cela n'a rien Ă  voir avec l'attirance qu'elles peuvent avoir pour l'un ou l'autre sexe, insiste le docteur Leibowitz. Dans les groupes de parole, les parents veulent savoir comment leur enfant va Ă©voluer. Mais personne ne peut le prĂ©dire." Mais faut-il cĂ©der aux demandes d'un jeune enfant, au risque de l'influencer ? Le docteur Lisa Simmons, spĂ©cialiste de l'adolescence, ne nie pas la difficultĂ©. Tout, pour elle, rĂ©side dans la finesse du diagnostic "Une dysphorie du genre, pour ĂȘtre avĂ©rĂ©e, doit rĂ©pondre Ă  trois critĂšres, explique-t-elle. Un elle doit ĂȘtre persistante. Deux constante. Trois insistante." A partir de lĂ  seulement le patient entrera dans un processus de "transition" vers l'autre sexe, comme disent les transsexuels. Comment faire qu'elle s'accomplisse au mieux ? LĂ  encore les experts sont rares, et la littĂ©rature, bien maigre. Il s'agit plutĂŽt de codes de bonne conduite, Ă©tablis par les rares mĂ©decins qui s'intĂ©ressent au sujet. La "transition sociale" La premiĂšre phase n'est pas mĂ©dicale ; c'est ce que les mĂ©decins appellent la "transition sociale" permettre Ă  l'enfant de s'habiller comme il veut, de changer de nom pour ses proches s'il le souhaite. Quand, Ă  7 ans, Ryan a demandĂ© Ă  se dĂ©guiser en princesse pour la soirĂ©e d'Halloween, Sabrina, qui avait dĂ©jĂ  cĂ©dĂ© sur les robes Ă  la maison, a dĂ©cidĂ© qu'il Ă©tait temps de cesser de lutter contre l'Ă©vidence et de la laisser vivre sa vie. "Quel mal y a-t-il Ă  ça, aprĂšs tout ? L'essentiel, c'est qu'elle soit bien dans sa peau." DeuxiĂšme Ă©tape, Ă  l'entrĂ©e de l'adolescence le traitement qui va bloquer la pubertĂ©. TrĂšs controversĂ©s - notamment en France -, ces inhibiteurs peuvent ĂȘtre administrĂ©s aux Etats-Unis dĂšs 12-13 ans sur simple consentement Ă©crit du patient. Avantage ils n'entraĂźnent pas, selon ces mĂ©decins, d'effets irrĂ©versibles ; si l'enfant suspend son traitement, la pubertĂ© reprendra son cours. "C'est une maniĂšre d'appuyer sur le bouton pause", explique le docteur G., qui prĂ©conise d'administrer le traitement de façon prĂ©coce, avant l'apparition des premiers signes de la pubertĂ©, souvent trĂšs douloureusement vĂ©cus par les enfants transgenres. TroisiĂšme Ă©tape Ă  15 ans, Ryan devra faire un choix. Redevenir un garçon ou prendre des hormones qui lui permettront d'amorcer sa transformation en femme. "On n'en est pas encore lĂ , dit Sabrina. Chaque chose en son temps." Ce corps qui trahit Cette troisiĂšme Ă©tape, lourde de consĂ©quences, Sade, le garçon manquĂ© qui ne supporte plus ce corps qui le trahit, s'apprĂȘte Ă  la franchir. Avant d'entreprendre son traitement, il a rencontrĂ© par trois fois un psychologue Ă  la clinique. Est-ce assez ? Ce n'est pas un problĂšme mental. Quand tu sais qui tu es, tu n'as pas besoin de psy", rĂ©torque-t-il, avec le ton tranchant de ses 15 11 ans, Sade a d'abord cru ĂȘtre lesbienne. En fouillant sur internet, elle dĂ©couvre que c'est plus compliquĂ©. "Pour les gens comme nous, le web a tout changĂ©. J'ai dĂ©couvert ce qu'Ă©tait la dysphorie du genre, dont je n'avais jamais entendu parler. Et surtout que je n'Ă©tais pas seule." Sa rencontre avec le docteur G. a Ă©tĂ© une seconde naissance "Je n'osais pas y croire. Pour la premiĂšre fois, on me comprenait d'emblĂ©e et je n'avais pas Ă  tout expliquer." Sade se comporte en garçon, exige que ses parents le traitent comme tel et les foudroie du regard quand ils se trompent. Mais de temps en temps, il/elle ne s'interdit pas de mettre du vernis Ă  ongles... L'opĂ©ration pas un passage obligĂ© Comme de nombreux transgenres, Sade se dĂ©finit comme un ĂȘtre "neutre", qui refuse d'"entrer dans une boĂźte" et veut "juste" ĂȘtre lui-mĂȘme. Ses parents sont tombĂ©s des nues quand leur enfant leur a avouĂ© qu'il cachait ses seins sous des bandages. Aujourd'hui, ils soutiennent Sade de leur mieux, mĂȘme si la rapiditĂ© de sa dĂ©cision et le coĂ»t des traitements qui ne sont pas pris en charge par leur assurance les effraient dollars pour les tests hormonaux, dollars pour les injections, sans parler des consultations. "On ne sait pas trĂšs bien combien cela va finir par coĂ»ter, mais ça peut vite devenir un problĂšme, murmure Tom, le pĂšre. Je voudrais qu'on puisse gagner du temps. Sade est si jeune. Et s'il changeait d'avis ?" Ne rien commettre d'irrĂ©versible. C'est l'obsession de tous les parents, avant l'ultime Ă©tape la chirurgie. Sade ne l'envisage pas pour l'instant. Pour Ryan, il est bien trop tĂŽt pour y penser. Le docteur Garofalo est d'ailleurs loin d'ĂȘtre un prosĂ©lyte du bistouri. "La chirurgie n'est pas du tout une Ă©tape obligĂ©e. De nombreux adultes transgenres sont parfaitement Ă  l'aise avec leur corps et ne ressentent ni le besoin ni l'envie d'ĂȘtre opĂ©rĂ©s." Un jour, des parents lui ont demandĂ© d'opĂ©rer leur fils de 9 ans ! "Ils prĂ©tendaient que si je ne lui crĂ©ais pas un vagin, il allait se suicider. J'ai rĂ©pondu qu'il n'en Ă©tait pas question. Je ne suis pas fou !" Quelquefois, pourtant, ce choix aussi radical que rarissime est vital. Ce sexe qui lui fait horreur A 14 ans, Amya attend comme une libĂ©ration l'opĂ©ration qui la dĂ©livrera de ce sexe de garçon qui lui fait horreur "Il faut que ça parte, le plus vite possible", dit cette jolie Black qui rĂȘve de devenir mannequin. Elle devra attendre sa majoritĂ©, mais sa volontĂ© semble inĂ©branlable. Quand elle est nĂ©e, Amya s'appelait Ariel un petit garçon qui voulait toujours imiter sa soeur jumelle et rĂȘvait de devenir pom-pom girl au lieu de jouer au foot. L'ado raconte une enfance solitaire, les brimades, une angoisse sourde et mystĂ©rieuse. Ses rĂ©sultats scolaires s'en ressentent. Il redouble. A 11 ans, Ariel avoue Ă  sa mĂšre qu'il aime un garçon. Convaincue depuis longtemps que son fils est gay, elle le rassure "Ce n'est pas grave." Mais, pour le pĂšre d'Ariel, c'est trop violent. "Il a dit que notre fils Ă©tait trop jeune, qu'il n'Ă©tait pas question d'en discuter." Convaincu d'ĂȘtre une fille, Ariel dĂ©cide cependant de ne plus jamais parler de son "problĂšme" "Je voulais que ma famille soit heureuse." Ses parents se sĂ©parent, puis se remarient deux ans plus tard. Le jour de la noce, Ariel, 13 ans, qui aurait tant voulu mettre une jolie robe, s'isole et pleure toutes les larmes de son corps. Pour sa mĂšre, c'est le dĂ©clic. "J'ai rĂ©alisĂ© combien mon bĂ©bĂ© allait mal." Elle finit par consulter. Le verdict tombe, catĂ©gorique "Ariel n'est pas nĂ© dans le bon corps." A 13 ans, Ariel est devenu Amya, au moins pour ses proches. Visiblement, ses annĂ©es de souffrance ont laissĂ© des traces. Elle a peu d'amies, rĂȘve de dĂ©mĂ©nager. Elle voudrait tant pouvoir prendre un nouveau dĂ©part... "Si seulement j'avais su plus tĂŽt, soupire sa mĂšre, les larmes aux yeux. Cela me brise le coeur de penser qu'elle a Ă©tĂ© si seule." C'est pourquoi elle tĂ©moigne Ă  visage dĂ©couvert, avec sa fille Il n'y a pas de honte. Il faut au contraire en parler. Aucun enfant ne doit avoir Ă  cacher ce qu'il est, Ă  souffrir juste Ă  cause d'un prĂ©jugĂ© ou de l'ignorance."Trente ans aprĂšs les bouleversements entraĂźnĂ©s par la rĂ©volution arc-en-ciel et la reconnaissance des gays, un nouveau tabou est en train de se briser la question transgenre est dĂ©sormais dĂ©battue sans hystĂ©rie dans la presse et Ă  la tĂ©lĂ©vision amĂ©ricaines. Signe des temps depuis le 13 fĂ©vrier dernier, Facebook a introduit l'option "transsexuel" et "intersexuel", dans ses choix de genre.

je suis née dans le mauvais corps